Chaque Panier Artisanal a une Histoire à Raconter

Les paniers traditionnels en écorce de bouleau ornés de motifs complexes en piquants de porc-épic donnent un bon aperçu de notre histoire et permettent de protéger les riches cultures autochtones des Territoires du Nord- Ouest (TNO). Cet héritage est bien visible dans les oeuvres présentées par l’artiste. De nos jours, il est de plus en plus difficile de trouver des objets d’art faits à la main à partir de matériaux préparés de façon traditionnelle, ce qui se ressent dans leur niveau de prix sur le marché.

Écorce de bouleau

Les cires naturelles de l’écorce de bouleau en font une matière première imperméable et imputrescible, idéale pour la fabrication de paniers. Le meilleur moment pour récolter l’écorce de bouleau est la fin du printemps ou le début de l’été. Elle se détache plus facilement lorsque la sève coule et que le taux d’humidité est parfait. On pratique une coupure verticale d’environ 90 centimètres sur l’arbre et on enlève soigneusement l’écorce qui entoure le tronc. On laisse l’écorce interne brune pour ne pas endommager l’arbre.

L’écorce pelée est très légère et souple. On la roule à l’envers et on l’attache à l’aide d’une corde. Il faut l’entreposer dans un endroit frais ou la congeler pour éviter qu’elle sèche.

Racines d'épicéa

On utilise des racines d’épinette pour coudre les paniers en écorce de bouleau. Les racines longues et droites sont plus faciles à séparer et à coudre. Les épinettes de taille moyenne avec de longues branches très droites possèdent habituellement les racines recherchées.

Les journées pluvieuses de juin sont idéales pour récolter les racines d’épinette. C’est le moment où l’écorce est la plus facile à retirer. Les racines à écorce rouge, jeunes et solides, sont préférables aux noires qui sont vieilles et fragiles. Une fois enroulées, on peut les conserver dans un sac fermé pour garder l’humidité. On peut les sécher et les entreposer si on ne les utilise pas immédiatement. 

Piquants de porc-épic

Un porc-épic adulte en bonne santé possède environ 30 000 piquants. Un jeune porc-épic est pourvu de piquants d’un blanc éclatant, qui jaunissent au fur et à mesure que l’animal vieillit. On peut facilement retirer les piquants d’une peau de porc-épic séchée à main nue, ou encore avec des gants ou des pinces. La longueur des piquants varie de 1,25 cm près du visage à 10 cm sur le dos. La plupart des piquants des flancs et de la queue mesurent entre 6,5 et 7,5 cm.

Après avoir retiré les piquants, on les lave dans un mélange d’eau tiède et de détergent. Il faut changer l’eau au moins neuf fois pour les débarrasser de leur graisse naturelle. Un nettoyage et un rinçage adéquats sont essentiels pour éviter que les piquants jaunissent avec le temps. Les piquants lavés et rincés sont ensuite étalés sur des serviettes ou du papier journal pour les faire sécher avant l’étape de la teinture.

Autrefois, avant que les teintures commerciales soient disponibles, on utilisait des petits fruits, des fleurs, des plantes ou du lichen pour préparer des mixtures colorantes. Il faut faire tremper les piquants dans la teinture pendant environ 30 minutes, le temps qu’ils s’imprègnent d’une belle couleur vive. On les rince ensuite avec du vinaigre, ce qui aide à fixer la couleur.

Une fois les piquants teints, on les laisse sécher pendant plusieurs jours, puis on en coupe l’extrémité du côté de la racine avec soin pour en faire sortir l’air. Pour les assouplir, on les met dans un linge humide ou on les prend dans la bouche (la salive a la propriété naturelle de les ramollir). Au besoin, on peut les aplatir en les pinçant pour en faire sortir l’air. S’ils ont été bien préparés, les piquants de porc-épic brillent, ce qui indique qu’ils n’ont pas été endommagés.

Chaque piquant doit être assoupli de nouveau juste avant d’être utilisé. Les piquants de porc-épic sèchent et durcissent rapidement, et l’artiste doit travailler vite. La décoration de piquants de porc-épic était traditionnellement réalisée avec de la babiche. Toutefois, de nos jours, on se sert le plus souvent de fil à coudre ou de fil dentaire. 

Décoration de piquants de porc-épic

Technique artisanale pratiquée depuis des siècles dans de nombreuses parties d’Amérique du Nord, la décoration de piquants de porc-épic était autrefois la principale forme d’expression artistique utilisée par les femmes dénées dans les régions où l’on trouvait des porcs-épics. Aux environs de 1840, cet art a toutefois commencé à décliner au profit de la décoration en perles de verre, ces dernières étant devenues plus accessibles aux femmes des Territoires du Nord-Ouest.

Décoration de piquants de porc-épic tissée

Les piquants de porc-épic peuvent être tissés pour créer des bandes décoratives, à l’aide d’un métier en archet monté avec du fil ou de la babiche. L’artiste tisse les piquants colorés à l’aide de fils interposés pour créer un motif. Les motifs en zigzag ou en losanges sont les plus courants. Les représentations d’oiseaux, d’animaux ou de fleurs sont rares. On ajoute des piquants en fonction de l’alternance de couleurs voulue ou pour terminer un rang. La bande de piquants sera bien plate si une tension égale a été exercée au cours du tissage. Cela montre l’habileté et l’expérience de l’artiste.

Décoration de piquants de porc-épic cousue

Des piquants de porc-épic cousus ornent habituellement des vêtements ou des accessoires en peau. Les motifs sont dessinés directement sur la peau, à main levée ou à partir d’un patron.

Il existe plusieurs techniques traditionnelles de couture de piquants de porc-épic et de nombreuses variantes. Voici les points de base les plus courants : zigzag (point de surjet), droit (bande), ligne, damier, tresse en zigzag, dent-de-scie, losange, triangle et cercle.

Pour la technique de base en zigzag, on plie des piquants aplatis sur deux lignes de fil parallèles. On insère un piquant sous le premier point de broderie, puis on le replie vers l’intérieur, de manière à dissimuler le fil. On répète ensuite cette opération, d’avant en arrière, entre les points parallèles et le motif finit par prendre forme. On ajoute des piquants sous ceux qui sont déjà cousus afin d’intégrer des couleurs différentes au motif. 

Autres types de décorations de piquants de porc-épic ​

Il existe d’autres types de décorations de piquants de porc-épic, bien que moins courants. On peut par exemple s’en servir pour décorer des tipis, les enrouler sur de la peau crue, et les tresser. On utilise parfois des plumes d’oiseaux pour décorer des bordures.

Fabrication du panier

Avant que le travail puisse commencer, on doit préparer tout le matériel. On fait tremper les racines d’épinette durant la nuit, puis, quand elles sont ramollies, on les coupe en deux sur la longueur avec un couteau, en partant de l’extrémité la plus large. On enlève l’écorce et on coupe de nouveau la racine dénudée en deux. On retire les nœuds, car ils ne résisteront pas. On coupe le bout de la racine en pointe pour permettre de la coudre et on remet les racines dans l’eau pour qu’elles demeurent humides jusqu’au moment de les utiliser.

On ramasse de fines branches de bois de flèche, dont on retire l’écorce, pour réaliser la structure du panier. Après les avoir taillées au couteau de manière égale, on les enroule et on les fait tremper dans l’eau.

On enlève la couche extérieure de l’écorce de bouleau en grattant doucement au couteau pour retirer les nœuds et les parties de l’écorce qui se décollent. On frotte ensuite l’écorce de bouleau au papier abrasif pour en faire une surface lisse. Plus on la gratte et on la ponce, moins il y restera de nervures. On peut varier la durée du ponçage pour créer des bandes contrastées qui pourront servir à décorer le panier. On découpe ensuite l’écorce à la forme du panier.

Les paniers en écorce de bouleau sont souvent décorés de piquants de porc-épic. Après avoir fait une esquisse du dessin, on perce de petits trous sur les bords du motif à l’aide d’une alêne afin d’y insérer les piquants. Les piquants colorés sont aplatis et insérés dans les trous, en zigzag. On les pousse à travers la face inférieure, et on camoufle les extrémités à l’aide d’une doublure intérieure faite d’écorce.

Une autre technique de décoration consiste à gratter à travers les couches d’écorce. Cela produit un motif qui contraste avec l’arrière-plan en raison de l’exposition de différents tons d’écorce. On peut aussi mordre l’écorce de bouleau et utiliser des bandes de couleur contrastante pour garnir les rebords afin de décorer le panier. Toute la décoration doit être terminée avant l’assemblage.

On humidifie ensuite l’écorce de bouleau à l’aide d’un linge humide et on la suspend au-dessus d’un feu pour l’assouplir. Après cela, on y poinçonne des trous de laçage avec une alêne, on la plie selon la forme de panier désirée, et on insère de petites tiges de bois dans les trous pour la maintenir en forme pendant le séchage. On enveloppe ensuite l’intérieur et l’extérieur de la partie supérieure du panier avec deux bandes de bois de saule humides, et on les laisse sécher.

On peut ajouter un couvercle à ces paniers polyvalents pour éviter qu’ils ne se renversent, ce qui permet par exemple de les utiliser pour conserver des aliments, ou pour transporter des outils, des appâts ou des baies. Pour fabriquer un couvercle, on coupe un morceau d’écorce de bouleau à la forme appropriée. On met un morceau de bois de saule en forme de manière à pouvoir l’insérer à l’intérieur de la bordure du couvercle, et on le laisse sécher.

Lorsque le panier et les bandes de bois de saule sont secs, on enlève les tiges. Les coutures sont faites à l’aide de racines d’épinette souples pour que le panier garde sa forme.

On perfore le contour de la partie supérieure du panier et la bordure du couvercle à l’aide d’une alêne. Au moyen de racines d’épinette, on coud les bandes de bois de flèche courbées pour renforcer le panier et le couvercle. Pour créer un motif, on peut laisser des espaces plus ou moins grands entre les points. Une fois la rangée de points terminée, on rentre l’extrémité de la racine sous un point de couture pour l’attacher.

On peut utiliser des bandes de peau d’orignal pour mettre la dernière main au panier. Elles servent à le maintenir fermé et, parfois, comme poignées pour le transporter facilement.

Si on ajoute de la gomme d’épinette aux coutures du panier, on peut l’utiliser pour transporter de l’eau. On peut appliquer une couche d’argile mélangée à de l’herbe séchée à l’intérieur du panier et l’utiliser comme casserole pour cuisiner.

Pour de plus amples informations, téléchargez cette brochure.